Le film de boxe, un genre à part entière qui a réussi à se faire une place en or dans l’histoire du cinéma américain. Crédibilité artistique pour son réalisateur, nominations assurées pour son acteur, faisant du genre l’un des passages obligés pour une reconnaissance hollywoodienne. Qu’en ont fait Antoine Fuqua et son nouveau copain Jake Gyllenhaal ?

Depuis quelques années, l’acteur découvert dans Donnie Darko s’est imposé par des choix radicaux et des prestations habitées, laissant déjà loin derrière les quelques échecs d’un virage mal négocié (Prince of Persia ?). Après s’être littéralement transformé pour le sympathique Nightcall sorti l'année dernière, l’acteur se joint à ses prédécesseurs et obtient lui aussi son film de boxe. Prise de poids, nouvelle carrure, jeu à fleur de peau : une présence très physique qui aura forcément attiré le flair des Weinstein, désireux d'en faire le nouvel objectif Oscar de cette année. Pourtant, si la prestation est honorable, elle n’en demeure pas moins facile et bien moins impressionnante que certains des autres rôles de l’acteur, plus discrets mains non moins remarquables.

Il faut dire qu’en s’entourant d’Antoine Fuqua, de retour après le succès surprise de Equalizer, l’acteur a choisi de s’exposer aux tics d’un réalisateur tout aussi expressif. Imagerie gangsta assumée, ralentis à foison, montage ultra cut, symbolique pompeuse, la mise en scène du réalisateur de Training Day ne fait pas dans la demi-mesure. Tout comme l’écriture de Kurt Sutter, d’un manque de subtilité effarant, jouant des raccourcis comme Gyllenhaal assène ses coups de poing. Rarement un Rise and Fall n’aura paru aussi forcé, le personnage de Billy Hope (ça ne s’invente pas) passant du tout au rien en un claquement de doigt. Le créateur de Sons of Anarchy et The Shield semble avoir suivi le parfait petit manuel du film de boxe; jusqu’aux dialogues qui semblent issus d’un autre temps, pas aidés par le jeu outré d’un Forest Whitaker en quête de rédemption.

Malgré son année de production, La Rage au ventre d’Antoine Fuqua (joli jeu de mot de la part des gars du marketing) semble provenir tout droit des années 1990. Un film quelque peu anachronique qui profite cependant de l’efficacité d’un genre inépuisable, et du capital sympathie de son acteur investi. C’est bien peu, d’autant qu’on ne pourra même pas se consoler sur la mise en image des combats. Dans le genre, on lui préfèrera de loin le magnétique Warrior sorti en 2011.