Critique du film "A la poursuite de Demain" : Avis/critiques
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Il aura suffit d’un premier teaser pour confirmer que le nouveau film de Brad Bird ferait parti des immanquables de l’année. Surtout, A la poursuite de Demain (Tomorrowland) constitue aussi la première proposition 100% assumée de Damon Lindelof, scénariste à la relation amour/haine fluctuante que les haters ne manqueraient pas de désinguer à tire-larigot. Enfin, le film s'inspire de la section éponyme des parcs à thème Disney tout en s'affichant comme l'un des seuls blockbusters originaux de l'année. Un sacré mélange d'intentions ?
Si la patte du scénariste en chef de Lost est logiquement présente, de la structure narrative à certaines formules, la paternité de l’oeuvre revient tout autant à Brad Bird (aussi co-scénariste) dont l’apport thématique s’avère pregnant. Inutile de revenir sur le projet Tomorrowland, débuté dès 2011 sous le titre de travail 1952, qui aura même poussé Brad Bird à refuser les commandes de Star Wars Episode VII pour porter son film jusqu’au bout. A vrai dire, l’anecdote est intéressante tant le film s’évertue à rejeter cette idée du « blockbuster nostalgique » et des films de fanboys, qu’il est de bon ton aujourd’hui de mettre en avant. Des résidus de la culture populaire envisagés ici comme des éléments du passé (thématiquement comme narrativement) d’un film qui s’évertue à aller constamment de l’avant. S’il semble en premier lieu à l’exact opposé d’un Mad Max Fury Road par son optimisme, Tomorrowland se rapproche pourtant de l'autre grande réussite de l'année par cette idée de travailler au corps le présent pour porter l’avenir souhaité. Profondément objectiviste (on est pas loin d’une adaptation littérale de La Révolte d’Atlas d'Ayn Rand), le film se sera vu ironiquement taxé de fasciste par sa propension à mettre en avant l’idée qu’il existe des élites. Accepter de se détacher de la masse pour aller de l’avant, une idée qui n’est pas du goût de tout le monde en ces temps où l’égalité et l’entre-aide prédomine sur tous les maux. Pourtant, Les Indestructibles ou Ratatouille s’avéraient peut être encore plus tranchés, mais leur nature animée aura tôt fait de rassurer le public.
Thématiquement donc, Tomorrowland se place à mille lieu des blockbusters de son époque, d’autant plus qu’il reste un produit fondamentalement « Disneyen ». Divertissement familial et populaire qui porte fièrement l’héritage de l'Oncle Walt, ancrant son récit autour de l'exposition universelle de 1964, le film de Brad Bird est une bouffée d’air frais dans ce secteur gangréné par l’hégémonie de ses quelques comparses. Le réalisateur du Géant de fer y déploie une énergie galvanisante nourrie par le ludisme de sa mise en scène. D’un plan-séquence vertigineux de sens à une escapade parisienne profondément grisante, en passant par la présentation d’un personnage au coeur d’une séquence d’action folle, Tomorrowland multiplie avec brio les idées les plus stimulantes. Une narration par l’action, stimulante et nerveuse, qui décuple forcément l’impact du film, aidé par la perfection d’un découpage à la dynamique très « cartoonesque ».
Un idéal de divertissement, où chaque idée visuelle et narrative invoque un imaginaire immaculé, rappelant par moment l’âge d’or du divertissement populaire hollywoodien. C’est que le film met surtout en avant des personnages magnifiquement écrits et réellement attachants. Brittany Robertson y interprète un modèle d’héroïne, génialement active et entreprenante, alors que George Clooney rappelle qu’il reste un grand acteur au charisme profondément sympathique. Si Hugh Laurie campe un personnage à l’ambiguité réjouissante, la véritable découverte se nomme Raffey Cassidy. Jeune actrice inconnue au bataillon, l’interprète d’Athena irradie l’écran à chacune de ses apparitions et offre au film son personnage le plus touchant et complexe. Une future très grande que l’on se tarde de revoir, et qui prouve en passant que le passif animé de Brad Bird ne l’empêche en rien de faire preuve d’une direction d’acteur exemplaire.
Au vu des premiers chiffres, logiques après une timide campagne marketing, on prie de tout coeur pour que le film ne connaisse pas une carrière similaire à John Carter. Ce serait dommage tant il représente ce qui se fait de mieux dans le genre depuis très, très longtemps. Une merveilleuse réussite, encadrée par l’exaltante partition de Michael Giacchino. Forcément, quand tous les grands de ce monde se rassemblent…
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