Daredevil saison 1 : Bilan

Daredevil saison 1 : Bilan

Après 12 épisodes, que penser de la série évènement de Netflix, Daredevil ?

Les premiers avis étaient dithyrambiques. Annoncée par certains comme la meilleure série de super-héros actuelle, le buzz autour du retour de Daredevil n’a cessé de croitre. Supervisée par Drew Goddard (proche de Joss Whedon) et Steven S. Knight (Spartacus), la série devait à la fois effacer le douloureux souvenir du film de 2003, et en même temps prouver la viabilité d’une série « plus sombre » dans le Marvel Cinematic Universe. La collaboration avec Netflix, symbolisant une certaine liberté de ton et de format, allait dans le sens d’un personnage un peu à part mais rejoignant totalement l’idée d’étendre la domination de Marvel. Clairement, DC Comics est dans le viseur de la firme à Disney, la série Arrow apparaissant comme une matrice assez logique.

Il est assez drôle de voir que seul les 6 premiers épisodes avaient été montré à la presse en avant-première. Un premier run, il est vrai d’une efficacité redoutable, que le showrunner Drew Goddard lâchera en pleine ascension. On y découvre un Matt Murdock impeccablement interprété par Charlie Cox, alors que se dessine en filigrane la menace de Kingpin, bad guy impressionnant incarné par un Vincent d’Onofrio habité (jusque dans ses excès, dont le cabotinage n’est jamais loin). Cependant, alors que les fulgurances s’enchainent, comme le fameux plan-séquence clôturant le second épisode, les limites de la série apparaissent petit à petit. D’un rythme en dent de scie à la gestion approximative d’intrigues secondaires, Daredevil peine à convaincre réellement. Le 6ème épisode laissera malgré tout augurer un horizon excitant, accélérant enfin les enjeux et délaissant une mise en place un brin balourde.

La déception est d’autant plus grande par la suite, le soufflet retombant totalement pour ramener la série vers son rythme de croisière habituel. Entre enquêtes pépères, chichis entre amis et flashback sur-explicatifs, Daredevil ne fait plus vraiment effet. Le changement de showrunner en cours de saison y est-il pour quelque chose ? Pire encore, en retardant au maximum la naissance de son héros, la série semble faire un curieux sur-place. Et il ne faudra pas compter sur un climax déceptif, à mille lieu de la tenue visuelle des débuts.

Cherchant à s’imposer comme un Dark Knight télévisuel (les emprunts à la trilogie de Nolan sont nombreux, au niveau thématique, visuel comme rythmique), Daredevil apparaît finalement comme une simple variation tonale dans le Marvel Cinematic Universe. Et c’est bien là la plus grande curiosité de la série, que d’essayer de ramener un public différent tout en reliant les wagons avec sa face colorée.

A en croire le renouvellement de la série pour une seconde saison, qui n’était jusqu’alors pas d’actualité, le deal entre Marvel et Netflix semble avoir fonctionné. En se posant comme garant de la maturité de la série, Netflix est parvenu à s’imposer aux yeux du public comme le meilleur atout de la firme pour ses personnages annexes. La preuve supplémentaire du génie commercial de Kevin Feige ?

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