C’est au bout de dix épisodes que Better Call Saul conclue sa première saison. De quoi confirmer que Vince Gilligan et Peter Gould ont su parfaitement appréhender le principe du spin-off pour transformer leur show en un véritable tour de force.
Sa narration aura pu rebuter certains spectateurs, jusqu’aux inconditionnels de la série originale. Mais ce serait oublier à quel point Breaking Bad imposait lui aussi un rythme de croisière bien à lui durant sa première saison. Evoluant d’épisodes en épisodes, du drama au procédural, Better Call Saul brouille les pistes pour ne jamais se laisser apprivoiser. Comme son personnage principal brillamment interprété par Bob Odenkirk, la série dévie constamment des chemins logiques qu’elle pourrait emprunter. C’est d’ailleurs la plus grande force de ces dix épisodes, qui jouent avec un excitant ludisme des attentes du spectateur. Déconstruisant un personnage que l’on pensait connaître sur le bout des doigts, Better Call Saul se sert des acquis de sa grande soeur pour jouer avec le public, revisitant au passage certains de ses points clés pour y apporter une touchante variation.
Si l’irrégularité narrative empêche la série de prendre une forme rassurante, le dixième épisode apporte finalement un éclairage audacieux et laisse apparaître les rouages d’une construction exemplaire. Les scénaristes y dévoilent une maitrise insolante de l’écriture télévisuelle, et bouclent la boucle pour voir le personnage assumer enfin son statut. Oui, Better Call Saul pourrait bien prendre fin au terme de cette unique saison tant elle apparaît cohérente et aboutit. Pourtant, on ne doute pas que Gilligan et Gould savent déjà pertinemment où ils veulent nous emmener, et on est prêt à les suivre de nouveau à travers le désert d’Albuquerque.
La saison 1 est maintenant disponible en intégralité sur Netflix. Pour les retardataires, vous pouvez retrouver nos avis sur les épisodes 1 et 2.