Aucun doute, Better Call Saul était l'une des nouvelles séries les plus attendues de ce début d'année. Le pilote a littéralement explosé tous les records d'audience du câble pour un premier épisode. Après cette entrée en matière fracassante, la série conserve-t-elle toutes ses promesses ?
Délicat passage du second épisode, toujours prompt à faire voler les promesses en éclat. Si le pilote avait le mérite de la rigueur, parvenant à passer outre l'immense attente qu'il suscitait, la suite était forcément attendue au tournant. Pourtant, l'équipe s'en sort de nouveau avec les honneurs, offrant à la série son propre rythme de croisière. Plus que jamais, tout en confrontant les personnages à des entités déjà aperçues dans Breaking Bad, la série fait le pari de s'en émanciper. Jimmy McGill, fantastique looser, semble à des années de l'assurance légendaire de Saul Goodman. Jouant sur un registre différent, apportant des nuances saisissantes à un personnage dont il connait toute la grammaire, Bob Odenkirk est l'atout majeur du show. Vince Gilligan l'avait bien compris en choisissant d'accer son spin-off sur son personnage.
Plus léger, mais aussi plus fou dans ses ruptures visuelles et narratives, Better Call Saul rappelle autant Breaking Bad qu'il en convoque des souvenirs pour mieux s'en décrocher. Plus une variation dans un monde similaire, comme ces fabuleux décors désertiques d'Albuquerque, la série s'en sort à tout point de vue dans l'idée d'un spin-off réussi. Si les frères Coen étaient cités par beaucoup de spectateurs de la première saison de son illustre ainée, Better Call Saul suscite bien plus encore un rapprochement logique avec l'oeuvre des réalisateurs de Fargo. La légende se met en place derrière un univers délicieusement barré, forcément plus attachant, mais dont l'issue fatale ne semble qu'inéluctable. Respect, encore une fois.