Un français fait peur ?

Un français fait peur ?

Un français, de Diastème, est attendu dans les salles pour le 10 juin prochain. Mais le parcours déjà difficile du film vient de prendre une nouvelle tournure.

Annoncé par beaucoup comme un "American History X français", raccourci facile et pas forcément gratifiant pour un film au parti-pris appararemment plus radicale, qu'on préfererait volontier rapprocher d'un Romper Stomper ou Danny Balint. En outre, Un français met en avant l'excellent Alban Lenoir dont on espère que sa performance permettra de réellement le révéler au grand public.

Le film devait d'ailleurs être présenté le 02 juin prochain en avant-première dans 50 salles. Le problème, c'est que les exploitants auraient pris peur. Diastème l'a lui même révélé dans son blog :

Le distributeur vient de lui [Marielle, co-productrice du film] annoncer que les 50 avant-premières du film qui devaient avoir lieu dans 50 villes de France le mardi 2 juin sont annulées. Certains exploitants ne veulent pas le film, lui a-t-on dit, ils ont peur. — Peur de quoi ? je lui demande. — Je ne sais pas, elle répond. — Les 50 !? — Ben faut croire…

A ceux qui veulent en savoir plus, on vous incite d'ailleurs à vous rendre sur le blog du réalisateur.

 

 

En l'état, la nouvelle a quelque chose d'assez inquiétant, surtout que les « plus de 100 salles » prévues par Mars [Le distributeur] pour la sortie du film se transforment en « moins de 50, et encore, pas sûr… ». Le potentiel sulfureux du sujet était bien sûr à prévoir, d'autant plus avec un titre qui aura déjà fait couler beaucoup d'encre (pourquoi donc, en fait ?). Alors que le cinéma français semble prendre de plus en plus une tournure pas forcément réjouissante, où l'on retient deux "genres" majeurs qui continuent de créer un écart inquiétant, voir un film finalement différent se faire couper l'herbe sous le pied fait forcément rager. Qui plus est, dans le pays de la liberté d'expression, voir la peur conditionner la sortie d'un film devient limite révoltant. C'est sûr que Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu, c'était à mettre entre toutes les mains. L'incohérence de promouvoir un film raciste, dangeureux, et vraiment mauvais, mais d'avoir peur d'un film qui raconte l'histoire d'un mec qui cherche à se débarasser de la haine. Un film qui, en plus, suspens, a l'air de ressembler à du cinéma !

Certains pourraient arguer que les exploitants n'aient en fin de compte seulement peur du faible succès commercial du film. On leur répondra qu'il ne s'agit pas d'un évènement isolé, puisque l'excitant polar Made in France de Nicolas Boukhrief (Le Convoyeur) semble avoir connu un traitement similaire. Alors qu'il est achevé depuis un bon bout de temps, que des premières projo ont déjà eu lieu, la frilosité de son distributeur l'aura relégué aux calendes grecs, avant de se voir heureusement récupéré par Pretty Pictures. Le sujet ? La création d'une cellule jihadiste en France. Dans un pays qui vend les mérites d'un cinéma "qui parle des sujets de société", ça fait un peu mal au c**.

 

MAJ : Dans un élan d'apaisement, Mars Distribution a décidé d'éclaircir la situation avec un communiqué de presse. S'ils tiennent à rassurer, cela confirme les craintes qui peuvent découler de l'exploitation du film. Il est bien dommage d'en arriver là.

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