Clint Eastwood s’est imposé depuis longtemps comme l’un des cinéastes les plus respectés du cinéma américain. Pourtant, avant de connaître un tel succès d’estime, l’acteur aura mis du temps pour se défaire de son image d’acteur de film de genre. A l’occasion de la sortie son nouvel opus, Jersey Boys, retour sur d’autres acteurs américains ayant eux aussi tenté leur derrière la caméra.
Kevin Costner / Mel Gibson : L’Americana.
Lorsqu’on évoque des acteurs passés à la postérité suite à leur avènement en tant que cinéastes, impossible de ne pas voir figurer les fantastiques réussites de Kevin Costner et Mel Gibson. Deux acteurs débarqués à la fin des années 80, l’un de l’outback australien (Mad Max) et l’autre de l’ouest américain (Silverado). Deux figures dont les premiers rôles définiront leur cinéma à tout jamais. Impossible de ne pas voir dans l’auto-destructeur Martin Riggs (L’arme fatale) les prémices d’un cinéma violent et courageux, tandis qu’Eliott Ness (Les Incorruptibles) représente le respect des codes qui seront si chers à Costner. En l’état, deux cinéastes rares mais puissants qui revisitent les mythes fondateurs et universels avec un amour immodéré du cinéma et du grand spectacle.
Sean Penn / Robert Redford : Retour à la nature.
Le premier, bad-boy du cinéma, commence sa carrière de cinéaste dès 1991 et son mémorable The Indian Runner. Drame au coeur d’une famille détruite par la guerre du Vietnam, le film impose une sensibilité à fleur de peau et un point de vue jusqu’au-boutiste. Au fil de ses films, Sean Penn évoluera vers une épure narrative en même temps qu’il s’éloignera d’un cinéma urbain pour trouver une certaine forme de sérénité (Into The Wild).
Inévitablement, on pense au parcours du représentant du cinéma indépendant américain, Robert Redford, qui sera parvenu à s’imposer en tant que cinéaste en marge d’un système qui l’aura pourtant vu naître. La célébration des grands espaces et un classicisme affirmé (et toujours engagé) trouvera son accomplissement public devant l’adulé L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux.
Ron Howard : L'artisan.
Beaucoup oublient qu’avant d’être réalisateur, Ron Howard fit parti d’une jeunesse émergente du cinéma américain. Membre du American Graffiti de George Lucas et personnage centrale de la série Happy Days, le jeune rouquin aura vite délaissé les strass pour se retrouver derrière la caméra. Artisan passionné, il met du temps à s’imposer et atlerne souvent entre surprenants modèles d’efficacité (Backdraft, Cocoon), oeuvres plus intimistes (Frost/Nixon) et blocbkusters faisandés (les Da Vinci Code). Pourtant, il aura fallu d’un simple Rush l'année dernière pour que tous les doutes s’envolent : Ron Howard est définitivement devenu un cinéaste à part entière.
George Clooney : L'artiste engagé.
Acteur de série essuyant les échecs dès ses débuts au cinéma (Le Pacificateur, Batman et Robin), il retrouvera pourtant un second souffle en créant sa société de production en même temps que sa carrière de réalisateur décollera. Ami et élève de Steven Soderbergh, George Clooney marquera les esprits dès son formidable Confessions d’un homme dangereux, premier film audacieux posant les bases d’un cinéma engagé et militant mais héritier d’une certaine forme d’efficacité à l’américaine.
Ben Affleck : L'Outsider.
Acteur mal-aimé, Ben Affleck aura connu un changement de carrière salvateur. Son Gone Baby Gone avait surpris pas mal de monde de par sa noirceur et sa relative humilité. Plus tard le très efficace The Town, lorgnant du coté du Michael Mann de Heat, lui aura permis d’assoir son statut tout en lui réservant un joli retour devant la caméra. Mais rien n’aurait pu laisser prévoir l’engouement populaire autour de Argo, véritable produit d’artisan, soigné et incarné, qui aura offert à l’acteur sa plus belle des récompenses : l’Oscar du meilleur film.