Le PIFFF sort les crocs, avec une deuxième journée placée sous le signe de l’exigence.
La montée en puissance du festival s’accélère, avec des choix de films de plus en plus audacieux. En témoigne le premier titre en compétition de la journée, le très « ferrarien » (dixit le PIFFF) Bag Boy Lover Boy. Une durée très resserrée, seulement 77 minutes, pour suivre la douloureuse dérive d’un monstre attachant. Le film cultive une esthétique et une atmosphère venue tout droit du New York des années 80, n’étant pas sans rappeler l’autre icône du cinéma underground de la Côte Est, Frank Henenlotter. Reflexion habile et hardcore sur la perversion narcissique, Bag Boy Lover Boy est surtout porté par un acteur phénoménal, John Wächter, qui tient le film sur ses épaules. Grâce à lui, on oublie certaines déconvenues comme des longueurs surprenantes et surtout la faiblesse du climax donnant un sacré coup à la crédibilité de l’ensemble.
Seconde séance culte, le méconnu Wake in Fright de Ted Kotcheff. Oeuvre monumentale et jusqu’au-boutiste, Wake in Fright est un cauchemar au grand jour rappelant la puissance cinégénique du bush australien. Les scènes coup de poing se succèdent, comme ce morceau de bravoure barbare lors d’une partie de chasse insoutenable. Poisseux, cruel et insupportablement réaliste, Wake in Fright est un chef-d’oeuvre qui mérite absolument d’être (re)découvert en salles. Encore une fois, merci au PIFFF qui permet à ce genre de miracle d’avoir lieu. Après les projections exceptionnelles de Seconds et The Wicker Man l’année dernière, le Festival confirme sa volonté de transmettre son amour extrême d’un cinéma qui stimule le coeur et les sens.
C’est aussi un qualificatif que l’on pourrait attribuer au 4ème film de la compétition, le nouvel effort de Peter Strickland (Berberian Sound Studio), The Duke of Burgundy. Objet avant tout sensoriel, formellement envoutant, c’est un jeu pervers et fascinant dans un univers atemporel. Héritier du cinéma de Jess Franco, le film développe une imagerie à fleur de peau, où le travail du son s’avère phénoménal et participe à emmener le spectateur dans cette valse atypique. Forcément, l’exigence du projet le déconnecte de la réalité, tel un film un peu autiste, et devrait provoquer des réactions fortes et contraires. La marque de fabrique de l’un des cinéastes actuel les plus singuliers.
Une journée éreintante qui se clôture avec plus de légèreté sur le documentaire Why Horror, quête aux quatre coins du monde à la poursuite d’une idée : Why Horror ? Une analyse pertinente, passionnante et passionnée sur l’affection du genre. Quelle est l’origine de cet engouement ? Pourquoi sommes-nous attirés par ce qui nous révulse ? En quoi ce cinéma a-t-il a eu un impact aussi fort sur la vie-même de ses fans ? Des questions essentielles, alors que nous ne cessons, depuis plus de 2 jours, de nous laisser entrainer face à ces bobines que beaucoup rejettent.