Préparez vos matraques, mettez vos gilets par balles, sortez vos calibres 45 et vos shotungs, car le polar français revient au cinéma avec deux films, radicalement différents dans l’approche sur le papier, mais dont l’amour du genre et la volonté de faire plaisir à son spectateur risquent de se voir à l’écran.
Antigang
On commence le 19 Août avec Antigang de Benjamin Rocher, réalisateur jusque là abonné au film de zombies puisqu’il est co-réalisateur de La Horde, et réalisateur de la 1ère mi-temps de Goal Of The Dead. Ce dernier a donc laissé tomber les morts-vivants pour les flics et les braqueurs de banque, puisqu’il met en scène Jean Reno dans la peau de Serge Buren, légende de la police aux méthodes peu conventionnelles (souvent équipé d’une batte de baseball pour ses descentes), accompagné de son collègue et ami de longue date Cartier (Alban Lenoir), et à la tête d’une brigade antigang. La brigade va alors se retrouver face à un groupe de braqueurs meurtriers entre en scène, dévalisant avec une facilité déconcertante banques et bijouteries de la capitale, à coup d’armes de guerre et de scénarios imparables.
Nous étions curieux de voir le réalisateur s’aventurer vers un autre genre, et les premières images nous réconfortent dans l’idée dans voir plus, tant Antigang s’annonce comme un pur polar fun et généreux en scènes d’action, et dont le ton humoristique rappelle le cinéma d’action américain des années 80. De plus, le tandem formé par Jean Reno et Alban Lenoir, ainsi que les nombreuses punchlines balancées au cours de ce trailer renvoient carrément aux buddy movie de la même période, les Point Break, l’Arme Fatale, ou Le Dernier Samaritain.
En tout cas, à la vue de ces images, il y a le potentiel pour un bon film d’action fun et drôle, bien que la crainte de tomber sur une « bessonnerie » (la présence de Jean Reno y est pour quelque chose dans cette crainte) ne soit pas absente de nos esprits. Faisons néanmoins confiance à Benjamin Rocher, qui après une bonne première mi-temps de Goal Of the Dead, semble vraiment s’être aguerri derrière la caméra, son film ayant en tout cas l’air très soigné visuellement, ce qui se fait rare pour une production française. Et puis il faut bien avouer que l’idée d’avoir un bon gunfight aux environs de la Bibliothèque Nationale, filmé en cinémascope, ça titille quelque peu.
Réponse le 19 Août.
Enragés
On passe ensuite à Enragés, qui sortira le 30 Septembres au cinéma. Réalisé par Eric Hannezo, journaliste sportif reconverti dans le cinéma, le film est un remake d’un classique du cinéma italien des années 70 (Cani Arrabbiati) de Mario Bava. L’histoire suit quatre malfrats qui, après un braquage qui tourne mal, se retrouvent poursuivis par la police et vont sur leur route prendre en otage une femme, puis un père de famille et son enfant malade. La traque va se trouver sans issue pour les braqueurs.
Si l’on peut légitimement avoir des questions sur un réalisateur débutant qui a essentiellement fait carrière dans le journalisme sportif, il faut bien avouer que les images aperçues dans le trailer attisent fortement notre curiosité, entre photo et éclairages réussis, plans très travaillés, action méchante et ambiance de polar issue des années 70. Reste maintenant à savoir comment les scénaristes et son réalisateur ont su gérer la tension inhérente dans un film de ce genre, lorsque les personnages en question perdent petit à petit le contrôle de la situation, ainsi que leur confrontation à des figures de la vie de tous les jours (une « Madame tout le monde » et un père de famille).
Nous fondons en tout cas beaucoup d’espoirs en ce film, qui pourrait bien être enfin le polar français énervé que l’on attend, et que l’on espérait l’an dernier avec Colt 45. L’autre curiosité se situe au niveau de son casting, et de voir comment Lambert Wilson, Virginie Ledoyen et Franck Gastambide, peu habitués au genre, vont s’en sortir dans ce film.
Nous espérons en tout cas que ces deux films parviendront à prouver qu’il y a du potentiel pour faire du vrai polar à la française, et que lorsque l’on y met les moyens, nos réalisateurs savent proposer une expérience à leur spectateur.