Goal of the dead : du foot et des zombies, la formule gagnante ?

Goal of the dead : du foot et des zombies, la formule gagnante ?

Disponible à Paris pendant près d'un mois avant d'entamer une tournée dans les salles de province, Goal of the dead a décidé de contrer le sort réserver au cinéma de genre hexagonal par un traitement aussi bien inspiré par ses modèles que par un cadre qui ne saurait s'extirper de ses origines franchouillardes. La réussite du film se situe bien ici, dans sa capacité à s'inscrire dans un univers terriblement français et venger des années d'hommages cinéphiliques sans réappropriation territoriale. Si en terme de tenue globale le film n'arrive pas à la cheville du méconnu mais excellent La Traque ou d'un Haute Tension, en parti dû à la forcément inégalité propre à son concept, Goal of the dead fait un bien fou à l'univers étriqué du film de genre à la française.

 

En prenant pour cadre un match de foot opposant la capitale à une petite province perdue, le film joue une carte qui avait déjà fait ses preuves dans la comédie française et rappelle forcément un certain Bienvenue chez les Chtis pour lequel il semble être un parent éloigné, sorte de sale gosse turbulant rappelant dans ses meilleurs moments le cinéma de Joe Dante ou bien entendu la Cornetto Trilogy, qui semble être l'inspiration principale de ce métrage se proposant avant tout en véritable film de personnages et comédie avant de voir l'horreur envahir peu à peu la bourgade. La montée en tension se montre étonnamment bien gérée, se servant de la liberté offerte par la nature de double feature du projet (deux films de 1h10) pour prendre son temps. Véritablement drôle et emmené par une véritable galerie de personnages atypiques et nanti d'une rythmique comique surprenante, Goal of the dead fait réellement rire avant de verser dans le registre de l'horreur mais sans ne ne jamais rejetter son aspiration populaire. Réalisée par Benjamin Rocher et surtout photographiée d'une main de maître par Matias Boucard qui injecte au film une maitrise visuelle qui fait oublier l'étroitesse budgetettaire, cette première partie se clot sur dix dernières minutes en forme de climax qui laissent espérer un second film à la hauteur des promesses de cette première mi-temps.

 

Hélas, si Thierry Poiraud parvient à apposer sa patte visuelle au film par son sens du cartoon qui fait mouche, la seconde partie ne parvient pas à retrouver la cohérence du début. Partant un peu dans tous les sens au rythme de gags pas toujours réussis, souffrant cette fois-ci de la faiblesse du budget dans sa narration et d'une direction d'acteurs hasardeuse (contrairement à la première partie !), le film déçoit et surtout se permet même par moment de tourner le genre en dérision alors qu'il avait su jusque là se montrer respectueux. Lorsque les zombies dansent, jouent au foot ou se font raisonner, le spectateur en vient à se demander si le réalisateur ne s'est pas laissé emporter par sa volonté de livrer un film populaire à tout prix, même si pour cela il faut en passer par une enfantisation du genre. C'est dommage tant certaines qualités indéniables sont toujours présentes et permettent heureusement de faire passer la pillule, comme une tenue technique véritablement impressionnante.

 

Au final, Goal of the dead est forcément inégale. Ne sachant pas toujours sur quel pied danser et semblant finalement découler d'une formule marketing désireuse de s'accorder une place chez tous les publics, la déception est à la hauteur des promesses. Le film de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud aurait ainsi pu, si la totalité du métrage avait conservé la force et la maitrîse de sa première partie, marquer une date dans le paysage horrifique français et se poser une véritable réussite du terroir. En l'état, il reste une sympathique série b qui parvient en 2h20 à proposer un récit ambitieux et drôle doté de fulgurances réellement salvatrices. Un bon moment à passer qui s'inscrit, qui plus est, dans une méthode de distribution originale permettant au film d'échapper à la sortie technique qui l'attendait. Un projet de cinéma atypique qu'il convient donc de défendre pour tous ceux qui souhaitent un plus grand métissage des genres dans ce que l'on appelle "la qualité française". Après une cérémonie des Césars ayant propulsé Les Garçons et Guillaume, à table ! en film de l'année au détriment de 9 mois ferme ou La vie d'Adèle et un box-office établissant en une journée Supercondriaque comme un vrai succès public, la réussite commerciale d'un film comme Goal of the dead devient donc absolument vitale pour qui ne veut pas voir le cinéma français se résumer à du prime-time ou du théâtre filmé.

 

 

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