Prévenu en dernière minute, j'eus tout juste le temps d'enfiler un t-shirt de super-héros et de prendre un appareil photo pour me rendre à l'événement. Me voilà donc à l'hôtel Bristol, luxueux cinq étoiles de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, pour la conférence de presse consacrée à Captain America: Civil War. Inutile de préciser que bien des geeks se damneraient pour être à ma place en cet instant. Conscient de l'importance cette mission dans la geekosphère, je vais tenter de résumer l'essentiel.
L'équipe du film parait détendue. Ne ressentent-ils pas une certaine pression avant la sortie d'un film aussi attendu par les fans ? Rappelons qu'en 24 heures seulement, la bande-annonce a été visionnée plus de 60 millions de fois dans le monde. Robert Downey Jr. nous assure qu'il n'a pas ressenti de tension particulière pendant le tournage, l'équipe étant très professionnelle, et que les fans en auront pour leur argent. Plus l'attente est démesurée, plus le risque est important de décevoir. Tout le monde s'étant investi à fond sur ce nouvel opus, l'acteur reste confiant. Il faut dire que son cachet colossal (environ 40 millions de dollars) et sa participation aux bénéfices ont de quoi le rendre souriant.
Le réalisateur Anthony Russo, passionné d'histoires chorales, insiste sur l'importance d'être entouré d'acteurs extraordinaires au service d'une narration solide, dont les personnages sont bien caractérisés. Pour cela, il faut que l'histoire soit à la hauteur. "Si le scénario fonctionne, on peut faire fonctionner le film" déclare-t-il. Selon lui, les scénaristes sont des connaisseurs, et même s'ils ambitionnent d'emmener la saga vers de nouveaux horizons, ils demeurent respectueux de cet univers. Quand on lui demande si la réalité ne rattrape pas la fiction, avec l'avancée des progrès technologiques, les hommes augmentés, les soldats américains équipés d'armures..., Anthony Russo déclare que "les films sont toujours une étape au-dessus de la technologie réelle, c'est ce qui les rend plus excitants."
Questionné à propos de l'invincibilité et de la supposée immortalité des super-héros, le comédien Don Cheadle (qui interprète War Machine) répond: "Mon personnage est juste un homme, hors de son costume, et les hommes sont mortels. Les super-héros ne sont pas parfaits, ce sont leurs défauts qui les humanisent". Concernant son personnage (Agent 13) et la séduction qu'elle peut exercer sur Captain America, Emily VanCamp nous glisse, l'œil malicieux: "Le pouvoir féminin est le plus fort des pouvoirs". Dans Civil War, son personnage s'affirme davantage, elle est plus mature et prend les devants. Elle n'hésite pas par exemple à désobéir aux ordres et à se compromettre pour aider Captain America. Pour en revenir au scénario, l'histoire est ancrée dans des sentiments réels, ce qui permet au public de s'identifier. Dans le film, on voit des amis se diviser pour des raisons diverses, aussi bien éthiques que politiques. Et comme ces amis ont des pouvoirs impliquant de grandes responsabilités, l'enjeu n'en sera que plus important.
Un journaliste dans la salle demande de quelle manière on pourrait décrire l'univers Marvel à des novices. "Les films de super-héros deviennent de plus en plus populaires auprès du grand public, il est important de rendre chaque film accessible pour les personnes qui les découvrent. Nous avons à cœur de satisfaire deux publics différents: les yeux vierges et les connaisseurs." répond le réalisateur. Quelle est la formule secrète de Marvel, son équation ? Robert Downey Jr., un brin sarcastique, commente: "Comme pour E=MC² d'Einstein, on pourrait inventer une formule du style M = MM + A. Ce qui signifie Marvel = Mythologie Moderne + Argent". Tout ne se résume pas à une histoire d'argent, bien entendu. Comme le fait remarquer l'équipe, "ce que fait Marvel est neuf et ambitieux au cinéma: adapter de manière feuilletonnesque cet univers depuis dix ans, et ce jusqu'en 2019. C'est comparable aux séries télévisées, une nouvelle forme de narration cinématographique".
Et le méchant, dans tout ça ? Face à une telle pléthore de super-héros, le super vilain se doit d'être à la hauteur. Le réalisateur nous promet un personnage complexe, un Baron Zemo (incarné par Daniel Bruhl) à l'histoire particulièrement riche, qui est liée au passé de Captain America et pourrait l'être à celui des parents d'Iron Man (mais là, Russo ne souhaite pas en dire plus, pour ne pas spoiler). Quels conseils donneraient-ils aux enfants s'identifiant aux super-héros ? "Il faut rêver grand, travailler dur, manger des brocolis..." répond Don Cheadle. Emilie poursuit: "Il faut s'impliquer à fond dans ce qu'on aime. Il faut savoir ce qu'on veut et foncer !" Robert Downey Jr. ironise: "Mais ce n'est pas réel. Ils ne peuvent pas changer leur ADN et devenir un dinosaure. De toutes façons, on leur donne trop de conseils". Si Iron Man devait signer un accord avec Donald Trump en tant que président américain et se soumettre au gouvernement, comment réagirait-il ? Robert Downey Jr. s'est amusé de cette question et laisse entendre de manière ironique que chacun peut se faire une idée.
L'échange se termine de manière tout aussi détendue qu'au début, et tout le monde semble satisfait. A commencer par les fans, impatients de voir sur grand écran ce troisième volet qui s'annonce encore plus spectaculaire et riche en rebondissements. La mythologie moderne semble ne pas vouloir s'arrêter en si bon chemin et réserver des surprises à son public, de plus en plus vaste et diversifié.