Alors que Dragons 2 sortira dans les salles françaises dès demain, NT1 a décidé de rediffuser ce bijou de l’animation ayant permis à Dreamworks de se hisser au niveau des plus grands.
Pourtant, ce n’était pas gagné. Souvent coude à coude avec Pixar en terme de box-office, Dreamworks Animation jouait jusqu’alors à fond la carte du référentiel et de l’auto-dérision. Leur cheval de bataille ? La franchise Shrek qui symbolisait à elle seule les préceptes du studio, avec le détournement des figures imposées, des personnages attendus, et des codes visuels habituels. Si le premier avait été une bonne surprise, les suites s’enfonçaient dans une imagerie un brin cynique et paresseuse renouvelée sans cesse dans les autres films du studio, comme par exemple les très enfantins Madagascar ou encore le fade Monstre contre Aliens. Comme si, à chacun de leurs films, il décidaient de réduire à néant le travail entrepris par Pixar pour offrir une nouvelle dignité au genre.
D’où l’immense surprise de découvrir, en 2010, le fantastique Dragons de Chris Sanders et Dean DeBlois. Alors que le quatrième épisode de Shrek inonde les écrans, les réalisateurs de Lilo & Stitch dévoilent un récit initiatique à la structure d’une simplicité désarmante mais au souffle épique inattendu, un spectacle d’une richesse folle, aussi visuelle que narrative.
Délaissant les personnages distanciés des précédents films pour créer un héros terriblement humain, Dragons étonne par l’audace avec laquelle il fait évoluer le jeune Harold. Utilisant l’action comme vecteur d’émotion, l’écriture surprend par sa maitrise et ses multiples niveaux de lecture. Ne prenant jamais le spectateur de haut, le film parvient à s’adresser aussi bien aux enfants qu’aux adultes (on se rappellera de cette conclusion douce-amer bouleversante), retrouvant l’universalité des grands Pixar qui savaient eux aussi parler à tous.
Surtout, Dragons n’en oublie pas son univers foisonnant auquel la beauté visuelle apporte une immersion que le seule l’animation pouvait proposer. Affichant une texture photo-réaliste et s’adjoignant les services de Roger Deakins pour proposer un travail sur les lumières épatant qui deviendra la marque de fabrique du studio, le film est un plaisir de tous les instants transcendé par une 3D utilisée à la perfection. Mais plus que tout, John Powell propose un score aux résonances celtes absolument fabuleux, une invitation au voyage qui donne au film toute sa puissance épique et enivrante. Un travail remarquable qui participe en (très) grande partie à cette réussite majeure.
Un coup de maître pour le studio qui sera le début d’un renouveau créatif sidérant (Les Cinq Légendes, Les Croods), que même l’arrivée de Guillermo Del Toro en consultant ne saurait expliquer, laissant même sur le carreau Pixar qui s’embourbe de son coté dans un conformisme désolant. Dire que Dragons 2 est attendu relève donc de l’euphémisme, tant les souvenirs laissés par le précédent opus il y a 4 ans restent ancrés dans notre mémoire. Au vu des premiers échos, le film ferait honneur à son prédécesseur. Faut-il rajouter autre chose ?